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Histoire de la Commune

Histoire de la Commune 2018-03-26T22:48:17+02:00

APERÇU HISTORIQUE SUR LA COMMUNE DE COMPS

A l’époque carolingienne, il existe deux entités administratives et seigneuriales. Elles seront à l’origine de nombreux pouvoirs locaux. Elles regroupent :

– l’une : Comps, Dieulefit et Bourdeaux

– l’autre : Vesc, Paulhiet, Montjoux et Béconne.

L’existence du territoire de Comps apparaît pour la 1ère fois en 1032 dans une charte au profit de l’Abbaye de Savigny (dans le département du Rhône actuel). C’est aussi cette même année que le territoire de Comps, inclus dans le Royaume de Bourgogne et d’Arles, est rattaché au Saint Empire Romain Germanique.

La puissante famille des Adhémar obtient au Xème siècle des territoires dans la région lors de la répartition des terres de Lotharingie (dont la Provence, comme le Dauphiné, fait partie) et, en particulier, la seigneurie de Comps, pour les services rendus par Odon lors de la croisade de 1095.

Le territoire de Vesc, quant à lui, dépend des évêques, dès l’époque carolingienne. L’étymologie du terme en atteste : Vesque et Vaesco sont les formes médiévales du latin « Episcopus » et proviendrait, selon les historiens, de donations de terres faites à une famille italienne, d’où cette forme « Vaesco » ; le nom du ruisseau qui parcourt la vallée, la Veysanne, a la même origine. La gestion de ces territoires était confiée à des vassaux laïcs qui dans le cas présent ont pris le nom de Vesc, fondant ainsi une noblesse locale. Tout ceci sera confirmé par les premiers Capétiens. La famille de Vesc rend hommage aux évêques du Diois et du Valentinois (très puissante famille de la région de Poitiers jusqu’au XIVème siècle), par fidélité aux Capet, à cause de leur confirmation des titres territoriaux au XIème siècle, ceci au détriment de la noblesse impériale.

Après la disparition des seigneurs de Comps, les fiefs possédés par les seigneurs de Vesc sont : Comps, Dieulefit, Béconne, Montjoux et Espeluche, répartis en trois branches :

                                 Dalmas (Comps), Hugues (Vesc) et Alméric (Montjoux – Béconne).

  • La viguerie de Comps

Une vicaria est une viguerie, c’est-à-dire une division du territoire administré par un viguier au nom d’un comte. C’est donc une subdivision du comté.

Elle s’étendait donc de Dieulefit à Bourdeaux, en passant par Bézaudun, Francillon, Crupies et elle s’arrêtait aux portes de Vesc. Comps en est alors le chef-lieu. C’est d’autant plus surprenant qu’aujourd’hui Dieulefit et Bourdeaux sont devenus chefs-lieux de canton et que Comps est considérée comme une petite commune, qui passe presqu’inaperçue, faute de bourg-centre !

L’importance de Comps à cette époque est confortée par l’existence d’une motte castrale, citée également dans des textes anciens.

Une motte, c’est tout simplement une butte de terre, artificielle ou naturelle, sur laquelle les seigneurs édifient un tour, généralement en bois, entourée d’un rempart, également en bois, à l’intérieur duquel les habitants pouvaient trouver refuge. Elle permet de surveiller la vallée et de s’y retrancher en cas d’attaque. La motte de Comps est située au quartier du même nom, sur le lieu habité le plus élevé de la commune, à 815 mètres d’altitude. Il faut reconnaître que d’un point de vue stratégique, il n’existe aucun autre lieu aussi bien situé, qui permette de surveiller, depuis les vallées conduisant à Dieulefit à celles de Vesc et de Bourdeaux ! Le site dispose par ailleurs d’une source, au Clos Rabier et, un peu plus loin, celle du Jabron.

Cette motte existe toujours, sur une propriété privée, elle est bien visible au milieu d’un pré. Par chance, cette butte a résisté à l’envie des paysans successifs de niveler le champ ! Elle n’a jamais fait l’objet de fouilles.

  • Les seigneurs de Comps.

On les trouve également cités dans des actes anciens, notamment dans des hommages. Ils ont surtout donné quatre grands croisés : Oddon, qui participe à la première croisade en 1095, emmenée par le pape Urbain II qui veut sauver les chrétiens d’Orient.

Puis on trouve Arnaud, Bertrand et enfin Rostaing de Comps qui participe quant à lui à la croisade de 1232. Ils deviennent tous, successivement, grands maîtres de l’ordre de St-Jean de Jérusalem. Rostaing est également cité comme Commandeur de la Commanderie des

Templiers de Richerenches. Bertrand (au début du XIIIème) fonde une maladrerie à Dieulefit, profitant de ses propriétés climatiques reconnues dès cette époque. Comps-sur-Artuby (dans le Var) revendiquerait également l’origine de ces grands personnages.

Mais, voici ce qu’en disait Joseph Delaville Le Roulx. [Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310) – Paris, E. Leroux, 1904. 440 pages In-8°, Ch. XIII, pp. 179-184] :

« L’origine de Bertrand de Comps, successeur de Guérin, était, selon les généalogistes, dauphinoise. Tous le rattachent à la ville de Comps en Bas-Dauphiné, et à la famille de Vesc, dont une branche, vers 1280, par Dalmas de Vesc, se substitua aux anciens seigneurs de Comps. Cette filiation, pour n’être pas appuyée sur des documents positifs, ne semble pas dénuée de vraisemblance. Ce qui est certain, c’est que le nom porté par le grand-maître appartient au midi de la France. Les fonctions de prieur de Saint Gilles, qu’il exerça avant son élévation au magistère, et qui étaient généralement confiées, comme nous en avons fait plus haut la remarque, à des chevaliers originaires du ressort même du prieuré, ne sont pas un obstacle à cette hypothèse, puisque le Bas-Dauphiné relevait à cette époque du prieuré de Saint Gilles. »

« La première mention connue de l’existence de Bertrand de Comps est de février 1216. Il était alors simple frère, et résidait en Terre Sainte. Quinze ans plus tard, il apparaît en qualité de prieur de Saint Gilles (Gard) dans des actes qui s’étendent du 8 décembre 1231 au 17 avril 1234. Si nous ignorons l’époque exacte à laquelle il devint prieur, celle-ci ne doit pas être fort éloignée de l’année 1231, puisqu’en 1229 le titulaire du prieuré était encore G. des Ormes. »

« Il fut élu grand-maître dans le courant de l’été de l’année 1236 (entre le mois de mai et le 20 septembre. Bien qu’entre avril 1234 et l’été de 1236 nous n’ayons aucun document qui le concerne, rien n’empêche de penser qu’il fut directement appelé du prieuré de Saint Gilles à la grande maîtrise. Il occupa ces hautes fonctions au moins jusqu’en avril 1239, peut-être même quelques mois de plus, la première mention de son successeur Pierre de Vieille Bride datant de 1240. »

L’abbé Robin, curé de Dieulefit et Comps (1837-1869), érudit et historien local, a rappelé que les tableaux d’Arnaud et de Bertrand de Comps avaient été vus dans le château des de Vesc à Dieulefit. Est-ce pour autant une preuve suffisante… ? Eugène Harot, dans son « Essai d’armorial des Grands Maîtres de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem » [Collegio Araldico – Rome, 1911], situe également les Grands-Maîtres Arnaud et Bertrand de Comps :

« Ce sont les armes de la maison de Comps en Dauphiné et Provence [ndlr : dans ce qui est aujourd’hui la Drôme]. »

Cette branche des seigneurs portant le nom de Comps tombe en quenouille et s’éteint au XIIIème siècle, faute de descendants mâles. La dernière héritière épouse Dalmas de Vesc (fils d’Alméric) vers 1280, et c’est donc la famille de Vesc qui hérite de la seigneurie de Comps.

  • Les seigneurs de Vesc

Cette famille de Vesc est importante ; elle a des ramifications dans tout le sud de la France. Elle comporte quatre branches : les Vesc de Comps/Dieulefit (elle-même divisée en 4 branches : Combemont (La Bégude-de-Mazenc), Loriol, Courthézon et Castres1), de Montjoux, de Béconne et d’Espeluche. Dans la région, on entendra beaucoup parler d’elle durant les guerres de religion puisque nombreux sont ses descendants qui embrasseront la religion protestante, abandonnant la religion catholique. Beaucoup mourront dans les batailles qui s’ensuivront.

Parmi les descendantes, Françoise de Vesc épousera César de Rigot, seigneur de Montjoux, propriétaire du château du même nom, où l’on retrouve les mêmes armes des de Vesc.

Antoine de Vesc est le dernier descendant connu sur Comps. Il décède en 1726, laissant tous ses biens à son épouse Jeanne de Lériget de la Faye sans enfant. À son décès en 1748, son neveu, César François Guigues de Moreton de Chabrillan, hérite du château. Les Moreton de Chabrillan deviennent alors les seigneurs de Dieulefit et de Comps jusqu’à la Révolution. Ils vivront le plus souvent dans leur hôtel particulier de Montélimar et non au château de Comps.

  • XVIIIème siècle

Jusqu’à présent, Comps et Truinas étaient toujours réunis. Guy Allard (in : Nobiliaire du Dauphiné, 1671 – p. 365) considère Truinas comme formant une paroisse spéciale et comme étant un hameau de la taillabilité de Comps. L’État de 1706 mentionne une communauté et une taillabilité unique avec un double nom. Au moment de la Révolution, la paroisse de Comps s’étendait à Comps, Truinas et Orcinas (États de 1762 et de 1777) et la communauté de Truinas possédait 173 personnes. Elle avait dû être créée après 1706 et outre divers papiers anciens, ses archives comprenaient un coursier pour la péréquation des tailles paraphé, le 13 octobre 1698, par l’intendant Jean-Etienne Bouchu (Archives Dép. de la Drôme, C. 3/37).

  • Le château à Comps

Le château féodal de Comps pourrait avoir été construit par la famille de Vesc puisque ses armes, que l’on retrouve dans l’église, sont sculptées sur le fronton. Il est daté du XVème siècle ; deux tours cylindriques encadrent aux angles le logis principal, tandis que deux tours

plus tardives et plus basses (dont un pigeonnier) viennent refermer une cour carrée avec un porche. Toutefois une partie des remparts pourrait dater du XIIème ce qui laisse supposer qu’un édifice plus ancien a sans doute existé.

Les Moreton de Chabrillan ne pourront pas conserver cette propriété car elle sera vendue comme bien national au moment de la Révolution en plusieurs lots. La famille Bonnefoy, riches soyeux de Dieulefit, puis la famille Morin, riches drapiers de la région, parviendront à la reconstituer.

L’édifice est privé et ne se visite pas.

1 – La branche de Castres abandonne le nom de Vesc pour le seul nom de Comps, au XVIIème siècle.

Familles nobles de VAËSC ou de VESC

  • Armoiries :

« Palé d’argent et d’azur à six (ou à quatre) pièces, au chef d’or, ayant, pour supporter, deux lions. »

Les lions tiennent chacun une bannière portant un château à trois tours.

  • Devise :  « Pas une ne m’arreste« 

Références et bibliographie

  • François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois – Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l’histoire & la chronologie des familles nobles de France, l’explication de leurs armes, & l’état des grandes terres du royaume… – Paris, La veuve Duchesne, 1770-1786.
  • Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8°, 440 pages.
  • Grand armorial du comtat Venaissin (Avignon, Principauté d’Orange et Terres adjacentes de Provence) : site Internet de Jean GALLIAN, complété par Alain Le Guéhennec
  • Patricia Carlier, Généalogie des Vesc
  • Marylène Marcel-Ponthier, Comps en Drôme provençale, pages de vie, pages d’histoire, 2001